Comment l’ostéopathe soigne votre lombalgie.
Le tour de rein, le blocage du dos, mal de dos, lumbago, lombalgie, sciatique : autant de problèmes dont nous seront tous probablement victime au moins une fois dans notre vie.
Le mal de dos peut survenir à tout âge, quelque soit le sexe, la catégorie socio-professionnelle ou encore l’ethnie.
Il peut s’accompagner de douleurs dans les fesses, les jambes, de crampes, ou d’autres signes plus ou moins inquiétants que nous allons évoquer plus loin (les drapeaux).
Ces douleurs lombaires peuvent être aussi bien d’origine musculaire, articulaire, discale, osseuse, nerveuse, vasculaire, inflammatoire…
C’est quoi la lombalgie ?
Le terme lombalgie désigne les douleurs de la zone des vertèbres lombaires. Ce sont les 5 dernières vertèbres de la colonne vertébrales, situées sous les vertèbres dorsales et au dessus du sacrum.
« Lombalgie » regroupe donc plusieurs catégories de problèmes :
La lombalgie aigüe
C’est le blocage. En vous réveillant, en nouant votre lacet, en prenant bébé dans son parc ou en retenant Médor qui a pris le yorkshire du voisin pour un casse-croûte, vous vous êtes coincé. Impossible de bouger sans déclencher cette violente douleur dans le bas du dos. Peut être même n’arrivez-vous plus à vous redresser complètement, ni même à vous baisser d’ailleurs. C’est le lumbago. Bref : pas pratique.
La lombalgie récidivante
C’est une suite d’épisodes plus ou moins douloureux, survenant de façon plus ou moins régulière. Comme un invité surprise relou.
La lombalgie chronique
Çà fait mal. Plus ou moins, parfois, souvent, tout le temps, et depuis au moins 3 mois. Vous n’êtes pas coincé, quoi que cela puisse arriver occasionnellement, mais le bas de votre dos vous fait souffrir. Quand vous êtes trop longtemps debout, trop souvent assis, quand vous faites le ménage, du sport, quand vous conduisez… bref çà ne vous empêche pas de faire quoi que ce soit, mais cela vous gêne dans tout et vous commencez à fuir certaines activités pour ne pas réveiller cette lombalgie.
La sciatique
Çà se complique. Le nerf sciatique n’est pas content, quelque-chose le titille sur son trajet : peut-être une inflammation du disque, une hernie discale, un bec de perroquet un peu trop aventureux. C’est tout l’arrière de votre jambe qui vous fait mal. Et même la nuit, cela vous réveille et vous empêche de vous rendormir. La douleur part de la fesse et descend jusqu’au pied, avec parfois des fourmillements, un engourdissement, une perte de force. Il y à des facteurs de gravité qu’il ne faut pas ignorer (voir paragraphe sur les facteurs de gravité). Il se peut que votre dos ne soit pas douloureux mais vous en avez bien assez avec la jambe.
La cruralgie
Même topo que la sciatique, mais cette fois c’est le nerf crural qui n’est pas content. Et lui il va vous faire mal sur le devant de la cuisse, jusqu’au genou.
Le canal lombaire étroit
Ici en plus des douleurs lombaires, vous avez des douleurs diffuses dans les deux jambes. Vous êtes mieux assis que debout. Le canal médullaire (là où chemine la moelle épinière puis sa terminaison que l’on appelle queue de cheval) est rétréci, la moelle et les nerfs sont à l’étroit et pas contents. L’origine est souvent une arthrose vertébrale avancée.
Les causes de la lombalgie
Il existe de nombreuses causes au mal de dos, souvent concomitantes. Une anamnèse bien conduite est donc primordiale : vous allez devoir répondre à un véritable interrogatoire.
Les facteurs mécaniques
- une activité inhabituelle et trop intense crée une surcharge mécanique. Exemple : les 3 armoires normandes que vous avez portées lors du déménagement du filleul de l’oncle de votre cousin par alliance, ou alors un gain trop rapide en terme de volume et / ou d’intensité lors l’activité physique et sportive (non, on ne lève pas 100kg de fonte du jour au lendemain) etc…
- au contraire la sédentarité : le corps est fait pour bouger, le canapé / Netflix à trop forte est mauvais pour votre dos.
Il faudra donc étudier le poste de travail : les secrétaires auront un problème de sédentarité (c’est pour cela qu’il faut prendre quelques minutes toutes les heures pour se dégourdir), alors que les chauffeurs-livreurs auront un problème de surcharge d’activité s’ils ne prennent pas certaines précautions.
Plus généralement il faudra également étudier le mode de vie (loisirs, sport, activités…).
Le stress
Le stress par de multiples mécanisme est un poison pour la santé mentale et la santé physique.
Si l’influence du contexte psychologique et social sur les problèmes psychiques n’est plus à prouver, son influence sur les problèmes physiques est encore très souvent sous-estimé.
La cohérence cardiaque est un outil facile à mettre en place pour lutter contre les effets du stress et reprendre possession de son bien-être mental.
Les croyances limitantes
De la même manière les croyances limitantes enferment le patient dans un schéma de passivité résolue face à ses douleurs.
Non ce n’est pas parce que mémé était bourrée d’arthrose et souffrait le martyre que vous subirez le même sort.
Non votre canapé n’est pas votre meilleur ami et le sport votre meilleur ennemi.
Et re- non ce n’est pas cette hernie discale diagnostiquée il y à 15 ans qui vous donnera des douleurs à vie (d’ailleurs vous savez que souvent elles se résorbent en quelques mois ?).
Oui prendre soin de votre corps, c’est à dire manger sainement, bien dormir, pratiquer une activité physique régulière est important, et c’est loin d’être un détail. Il est évident que la manière dont vous traitez votre corps influe sur l’état de fonctionnement de celui-ci. C’est exactement comme pour votre voiture : si vous n’en prenez pas soin, si vous ne l’entretenez pas, elle va marcher beaucoup moins bien…
Oui on peut progresser et enrayer des mécanismes même s’ils sont là depuis longtemps, à condition d’être prêt à mettre en place des changements plus on moins importants. On ne nait pas stressé, on le devient, c’est donc réversible. La bonne nouvelle c’est que la neuroplasticité du cerveau permet d’évoluer à tout âge. Il n’y à pas de condition d’âge ou de forme pour se mettre à l’activité physique, il suffit de trouver une discipline adaptée qui plait, afin que cela ne soit pas une corvée.
Au départ il faut toujours une motivation, puis il faut de la discipline et de la volonté.
L’alimentation
Si certains la qualifient de 3è médecine, ce n’est certainement pas pour rien. Croyez-vous vraiment que ce que vous faites entrer dans votre corps ne peut pas avoir d’influence sur celui-ci ???
Les articulations, les muscles, les nerfs, les organes… ont tous besoin des nutriments apportés par une alimentation saine, équilibrée et une bonne hydratation. Sinon çà peut pas bien marcher.
Pour bien s’alimenter, manger VRAI (c’est à dire non transformé, adieu l’industrie agro-alimentaire), VÉGÉTAL (les légumes doivent représenter la moitié de l’assiette) et VARIÉ (privilégier le local et de saison). Pour en savoir plus c’est ici.
Prenez soin de votre microbiote il vous en remerciera.
Et pour l’hydratation c’est toujours 1,5L d’eau par jour minimum.
Le sommeil
Il en va de même pour le sommeil. Le corps a besoin de périodes de repos suffisantes en durée et en qualité pour se régénérer. Pendant le sommeil nous améliorons notre métabolisme, augmentons notre masse musculaire, développons notre système immunitaire, stimulons la sécrétion d’hormones.
Le sommeil permet de récupérer sur le plan physique et mental.
Alors les dents dans le verre et au dodo.
La grossesse
Elle va souvent générer des problèmes de dos par le déséquilibre postural qu’elle entraîne : l’utérus et le bébé tractent et pèsent vers l’avant et modifient le système biomécanique.
La bonne nouvelle c’est que normalement c’est transitoire, à un moment il va vouloir sortir.
Le tabac
Forcément. C’est pratique le tabac, on peut toujours l’accuser de tout parce qu’il est toujours dans les coups foireux.
Les causes organiques
Parfois la lombalgie est causée par une maladie, elle est alors qualifiée de « lombalgie symptomatique » :
- le spondylolisthésis : terme barbare qui signifie qu’une vertèbre glisse vers l’avant (le plus souvent), en général à cause d’un défaut d’ossification de la dite vertèbre (je veux pas balancer mais c’est souvent L5).
- l’arthrose : c’est une usure normale des surfaces articulaires du corps humain, qui débute généralement vers 40 ans (et ouai déjà !). En soit l’arthrose n’est pas douloureuse puisque le cartilage n’est pas innervé. Ce sont les tissus alentours qui deviennent douloureux par enraidissement, vascularisation insuffisante faute de sollicitation. Le traitement c’est le mouvement !
- la dégénérescence du disque intervertébral pouvant conduire à la hernie discale
- l’arthrite : c’est une atteinte inflammatoire des articulations, retrouvée dans les maladies telles que la spondylarthrite ankylosante, la polyarthrite rhumatoïde etc… Et l’inflammation c’est douloureux.
- les infections : cystite, pyélonéphrite, maladie inflammatoire de l’intestin peuvent provoquer des douleurs lombaires.
- le cancer : les métastases, notamment osseuses vertébrales.
- les fractures vertébrales.
Les signes de gravité de la lombalgie
Ce qu’il faut savoir reconnaître au delà du mal de dos : les critères de gravité, les facteurs de risque (données issues des recommandations de la Haute Autorité de Santé)
Les drapeaux rouges de la lombalgie
Ce sont les signes d’alerte évoquant une pathologie sous-jacente nécessitant une prise en charge spécifique et / ou urgente. La prise en charge n’est peut-être pas du domaine de l’ostéopathie et dans tous les cas il faut un avis médical :
- douleur de type non mécanique : d’aggravation progressive, constante, présente au repos et en particulier la nuit (elle vous réveille sans que vous ayez bougé, vous empêche de vous rendormir).
- symptôme neurologique étendu : déficit de contrôle des sphincters vésicaux ou anaux (incontinence), atteinte motrice au niveau des jambes (perte partielle ou totale de la force), syndrôme de la queue de cheval
- paresthésie (perte de sensibilité) au niveau du pubis (ou périnée)
- traumatisme important (tel qu’une chute de hauteur) : il y à risque de fracture, de hernie discale etc…
- perte de poids inexpliquée : il peut y avoir une maladie sous-jacente
- antécédent de cancer
- usage de drogue intraveineuse, usage prolongé de corticoïdes (par exemple thérapie de l’asthme) qui fragilisent les os
- déformation structurale importante de la colonne vertébrale
- douleur thoracique : elle peuvent aussi concerner les organes
- âge d’apparition inférieure à 20 ans ou supérieure à 55 ans
- fièvre
- altération de l’état général
Les drapeaux jaunes de la lombalgie
Ce sont les facteurs de risque psycho-sociaux qui sont prédictifs d’un risque de passage à la chronicité (persistance des douleurs et / ou des incapacité au delà de 3 mois).
- problèmes émotionnels tels que la dépression, l’anxiété, le stress, tendance à une humeur dépressive, retrait des activités sociales
- attitudes et représentations inappropriées par rapport au mal de dos (les fameuses croyances limitantes), comme l’idée que la douleur représenterait un danger ou qu’elle pourrait entrainer un handicap grave, un comportement passif avec attente de solutions placées dans les traitements plutôt que dans une implication personnelle active (celle-là c’est ma préférée !)
- comportements douloureux inappropriés, en particulier d’évitement ou de réduction de l’activité, liés à la peur
- les problèmes liés au travail tels que l’insatisfaction professionnelle, l’environnement de travail jugé hostile, les problèmes liés à l’indemnisation (rente, pension d’invalidité)
Les drapeaux bleus et noirs de la lombalgie
(Je sais pas vous, mais moi tous ces drapeaux çà me donne envie d’aller à la plage…)
Ceux-là déterminent les facteurs de risque d’incapacité prolongée au travail, ou d’obstacle au retour au travail.
Le rôle de l’ostéopathe dans la lombalgie
Alors dans tout çà, l’ostéopathe il sert à quoi ?
L’ostéopathe va tout d’abord déterminer les causes (il n’y en a jamais une seule) par un bilan approfondi. C’est ici que vous allez subir un interrogatoire (ce que l’on appelle l’anamnèse), ce qui permettra à votre praticien d’établir des hypothèses qu’il vérifiera à l’examen clinique.
Après avoir écarté d’éventuels facteurs de gravité qui nécessiteraient une consultation médicale préalable (les drapeaux rouges), l’étape suivante c’est le plan de traitement.
Le traitement ostéopathique va surtout concerner les problèmes mécaniques, les restrictions de mobilité (musculaire, articulaire, viscérale, nerveuse… voir l’article L’ostéopathie c’est quoi?). Ce traitement est adapté à chaque patient, respecte la douleur et permet de soulager rapidement, sous quelques jours, ou parfois quelques semaines et d’autres séances pour des lésions plus anciennes et donc plus « ancrées ».
Évidemment l’ostéopathie ne peux pas guérir des maladies irréversibles comme l’arthrose, mais elle peut apporter un mieux-être en complément d’autres traitements comme la kinésithérapie.
Mais pour ne pas récidiver et espérer une guérison complète il faudra certainement travailler sur certains facteurs de risque : l’activité physique, le stress, le sommeil, les croyances limitantes, l’alimentation… Votre praticien pourra vous conseiller ou vous orienter vers les professionnels adéquats.
Conseils pour la lombalgie
Ne restez pas au fond de votre canapé ! Que ce soit cette petite douleur sourde qui vous tyrannise tous les jours, le gros lumbago qui vous a fait appeler votre maman ou l’arthrose qui vous empoisonne la vie, il faut BOU-GER. Ce qu’on peut, ce qu’on veut, il ne faut pas avoir peur de bouger. En terme barbare çà s’appelle la kinésiophobie : la peur du mouvement.
Je l’ai déjà dit plus haut : le corps est fait pour bouger. En réalité c’est la sédentarité qui est à l’origine de nombres de troubles musculo-squelettiques. Et même quand on a mal il faut sortir le chien, faire un peu de ménage, prendre l’air (mais si vous êtes au point d’appeler votre maman vous pouvez prendre un peu de repos, mais pas trop hein !).
Alternez activité physique légère et repos.
Si vous avez un poste de travail sédentaire, dégourdissez-vous les jambes toutes les heures. Si vous répétez toujours les mêmes gestes pareil : étirez-vous, dégourdissez-vous pendant les pauses.
Et pratiquer une activité physique régulière adaptée à l’âge et à la condition est la meilleure des préventions !
Ludivine Courcelle, ostéopathe à Noeux-les-Mines.
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