Médecine 4P : médecine de demain.

 

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé ainsi :
« La santé est un état de complet bien être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Effectivement la santé ne se résume pas à l’absence de problème physique ou mental, mais elle pourrait plutôt se définir comme un état d’équilibre « parfait » de nos systèmes corporels et psychiques : c’est ce qu’on appelle l’holisme.
Pour ne pas tomber malade il faudrait donc veiller à garder cet état d’équilibre, plutôt que d’intervenir une fois que la maladie est installée.
Maintenir notre « terrain » en bon état de fonctionnement c’est le surveiller, l’entretenir, connaître ses forces et ses faiblesses et reconnaître ses dysfonctionnements dès qu’ils apparaissent.

En 2013 Leroy Hood de l’Institute for Systems Biology (Seattle) définit la médecine personnalisée en tant que médecine 4P :

  • Prédictive : en établissant les facteurs de risques et les éléments protecteurs de chaque individu,
  • Personnalisée : caractère unique de chaque individu,
  • Préventive : éducation à la santé,
  • Participative : le patient éduqué devient acteur de sa santé.

La médecine 4P est un changement de paradigme puisque l’objectif devient la santé globale de l’individu. C’est le patient qui est au cœur de la réflexion et non plus la maladie, c’est à dire qu’on ne traite plus les symptômes mais on soigne l’humain.
La singularité de chaque patient est alors prise en compte.

 

La médecine 4P

 

Prédictive.

Il s’agit d’anticiper les problèmes de santé.

La connaissance de plus en plus poussée du génome humain (la génétique), la connaissance du mode de vie et de l’environnement de chaque individu (l’épigénétique) vont permettre de recenser les facteurs de risques et les facteurs protecteurs. Ceux-ci permettent d’évaluer le risque de développer des maladies.
Par exemple, dans la polyarthrite rhumatoïde des marqueurs peuvent être présents 10 à 15 ans avant le début des symptômes : ce sont des marqueurs prédictifs.

A partir de là des mesures peuvent être prises en amont afin de limiter le risque de développer ces maladies (traitement médical, changements dans le mode de vie : activité physique, alimentation, gestion du stress…).
De même une surveillance peut être mise en place et favoriser un dépistage précoce. Cela permet une prise en charge rapide, ciblée et efficace.

 

Personnalisée.

Il s’agit d’adapter la prise en charge en fonction des caractéristiques individuelles.

Grâce à la mutualisation des données de santé, l’intelligence artificielle produit des algorithmes de plus en plus précis. Ainsi l’analyse des données d’un individu pourra déterminer les décisions les plus appropriées et pertinentes dans son cas, en prenant compte les variations individuelles.

La connaissance du « terrain » de l’individu permet d’établir un traitement ciblé et la prédiction de la réponse thérapeutique.

C’est une approche plus organisée, plus chiffrée de la médecine mais également plus précise.

 

Préventive.

Il s’agit de réparer le « terrain » du patient.

La prévention primaire intervient avant la maladie : c’est l’éducation à la santé. Chaque individu doit prendre conscience de ses forces et de ses faiblesses. En les connaissant il peut améliorer son mode de vie dans le but de booster sa santé.

La prévention secondaire concerne le dépistage précoce, celui-ci peut être ciblé grâce à la médecine prédictive.

La prévention tertiaire vise à améliorer la qualité de vie des malades.

Dans tous les cas le point commun est le mieux-être : améliorer ses conditions de vie et de santé, que l’on soit malade ou non. C’est ici que la médecine devient holistique, en se préoccupant de l’individu dans sa globalité (corps – esprit), et non plus en restant centrée sur la maladie.

De plus la prévention coûte peu au patient et à la société, et elle permet de vivre plus sereinement.

Le nombre de maladies chroniques dites de « civilisation » a explosé ces dernières décennies alors qu’elles peuvent être en grande partie prévenues avec un mode de vie adapté. C’est le cas de l’hypertension artérielle, du cholestérol, du diabète pour ne citer qu’eux.

 

Participative

Il s’agit d’inciter l’individu à devenir acteur de sa santé et du projet thérapeutique.

Selon l’OMS « Une opinion publique éclairée et une coopération active de la part du public sont d’une importance capitale pour l’amélioration de la santé des populations ».

L’individu doit comprendre l’enjeu, les risques et les bénéfices.
Le but est qu’il devienne autonome dans la gestion de sa santé, et pour cela il doit avoir des connaissances théoriques, être accompagné de médecins et soignants qui vont lui enseigner et le renseigner.

Ce qui est très important également c’est l’état d’esprit : l’adhésion, la combativité, l’énergie fournie aident à avancer, à guérir, de façon indéniable.

 

Médecine 4P : l’évolution vers les cinquième et sixième P

La médecine évolue, et de nouvelles notions viennent s’ajouter à cette médecine 4P pour la faire évoluer :

 

Pertinente

Il s’agit de la pertinence dans le choix des techniques et des traitements qui doivent être les plus adaptés au patient (les plus efficaces et moins risqués), au moindre coût.

Les balances bénéfice / risque et coût / efficacité doivent être en permanence évaluées en tenant compte des caractéristiques individuelles, en gardant évidemment à l’esprit que le plus important est le bénéfice pour le patient.
Cela doit rester une approche pertinente pour le patient, dans une stratégie d’équité solidaire.

 

Pluridisciplinaire

Il s’agit de coordonner les différents intervenants, médecins et soignants.

Les médecines de ville, d’hôpital, de recherche, la médecine du travail, sociale, doivent s’associer afin de proposer un projet thérapeutique cohérent, adapté à chacun et issu d’une réflexion commune.

 

Conclusion

Notre santé est déterminée par :

  • le patrimoine génétique dont nous avons hérité
  • notre mode de vie
  • l’environnement dans lequel nous vivons

D’une médecine purement curative et symptomatique nous évoluons enfin vers une médecine holistique qui prend en compte ces paramètres. Les médecines chinoise, ayurvédique, la naturopathie appliquent déjà ces principes depuis plusieurs millénaires…

Que voulons nous avant tout ? Soigner une maladie ou préserver notre santé ?

C’est un changement de point de vue majeur, mais qui va devoir éviter certains écueils : d’un point de vue éthique, doit-on informer une personne jeune d’une prédisposition à un pronostic sombre ? Les assurances continueront-elles à offrir les mêmes garanties de façon équitables ? Les sujets sans risques potentiels continueront-ils à prendre soin de leur santé ? À qui appartiennent les données de santé collectées ?

 

Ludivine Courcelle, ostéopathe à Noeux-les-Mines

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